Les biodéchets, déchets alimentaires et végétaux, représentent un tiers des ordures résiduelles en France. Une grande partie est envoyée en décharge ou incinérée, ce qui engendre des émissions de gaz à effet de serre regrettables vu leur potentiel de valorisation. Depuis janvier 2024, la loi AGEC prévoit que les collectivités mettent à disposition des habitants une solution pratique de tri à la source des biodéchets afin de les valoriser.
Qu’est-ce que le tri à la source et la gestion des biodéchets ?
Il appartient à chaque collectivité territoriale de définir les solutions adaptées à son territoire de tri à la source des biodéchets : collecte séparée et/ou gestion de proximité. Les deux approches ne s’excluent pas, elles sont complémentaires. Dans le premier cas, les biodéchets sont collectés et envoyés vers une unité industrielle de valorisation. Dans le second cas, il s’agit d’un compostage individuel ou partagé dans les résidences ou quartiers : les déchets sont compostés sur place puis sont utilisés par les habitants eux-mêmes pour leur jardin ou pots de fleurs.
Dans tous les cas, ces solutions s’accompagnent d’actions de communication et de sensibilisation. Les outils d’accompagnement au changement de comportement permettent de générer la mobilisation et l’appropriation du geste de tri par les citoyens. Pour répondre à ces enjeux, la collectivité peut travailler avec d’autres acteurs du territoire.
Le tri des déchets alimentaires, à la portée de tous
Des déchets à ne plus mettre à la poubelle
26 % de nos poubelles grises sont remplies de déchets alimentaires qui sont incinérés ou enfouis.
Un quart des ménages ont accès à une solution proposée par leur collectivité pour trier les déchets alimentaires.
Au 1er janvier 2024, les collectivités doivent obligatoirement proposer une solution de tri des déchets alimentaires à leurs habitants.
Plusieurs solutions de tri
Pour quels déchets ?
Tous les déchets alimentaires !
- Épluchures de fruits et légumes y compris peaux d’agrumes, d’oignons, d’ail, vert de poireau…
- Restes de repas.
- Peaux de fruits, coquille d'œuf, trognon, fanes...
- Fleurs coupées, plantes d'intérieur.
Dans quoi les mettre ?
- Un sac en papier kraft ou un sac compostable quand la collectivité en fournit.
- Un petit seau avec couvercle et facile à transporter.
Où les déposer ?
Chaque collectivité peut proposer plusieurs de ces solutions de tri :
- Dans un compost :
- Individuel en bac ou en tas,
- Collectif.
- Dans la poubelle dédiée : en cas de collecte en porte à porte.
- Dans une borne de collecte de biodéchets dans la rue.
Les règles d’or d’un compostage réussi :
- Apporter un bon mix de déchets (50 % de déchets humides, 50 % de déchets secs).
- Fragmenter les déchets.
- Surveiller l’humidité (ni trop, ni pas assez).
- Brasser le compost.
À quoi ça sert ?
- Améliorer la qualité et la santé du sol grâce au compost qui le nourrit et le rend plus résistant aux aléas climatiques (sécheresse, érosion...).
- Brûler moins de déchets organiques. Souvent trop humides, ils dégradent la performance des incinérateurs.
- Réduire la quantité de déchets déposés en décharge.
- Produire du biogaz grâce à la méthanisation des biodéchets.
Source : https://librairie.ademe.fr/ged/8226/infographie-tri-dechets-alimentaires.pdf
En savoir plus sur le tri à la source des biodéchets
Objectifs du tri à la source des biodéchets
Pour les biodéchets, les collectivités doivent mettre en œuvre, en priorité, des actions de prévention de lutte contre le gaspillage alimentaire. Ensuite, dans le respect de la hiérarchie des modes de traitement, elles instaurent des dispositifs de gestion des biodéchets résiduels. Ces solutions permettent de :
- les valoriser en amendement pour maintenir la qualité et la santé des sols et contribuer au stockage du carbone,
- produire du biogaz par méthanisation (enjeu de souveraineté énergétique et de substitution aux énergies fossiles),
- diminuer les tonnages d’ordures ménagères résiduelles (OMR) et réduire ainsi les effets de l’augmentation de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP).
La mise en place d’un service de gestion des biodéchets représente un surcoût qu’il est possible de limiter en adoptant une démarche globale à l’échelle de tout le service public de gestion des déchets (optimisation, massification, tarification incitative, etc.).
Pourquoi se soucier de nos sols ?
Une ressource fragile et non renouvelable :
- Il faut 200 à plusieurs milliers d’années pour former 1 centimètre de sol.
- Les sols fertiles sont rares sur Terre.
- Plus de 25 % des espèces animales et végétales y vivent.
- 60 % des sols mondiaux sont dégradés à des degrés divers, pour certains de manière irrémédiable.
Ce qui définit un sol sain :
- Il contient une diversité d’organismes vivant qui contribuent à sa fertilité.
- Il ne pollue pas son environnement.
- Il est généralement riche en matières organiques.
De la qualité des sols dépend la vie sur Terre.
Les sols sains sont sources de vie :
- Les sols sont régulateurs de crues et du climat.
- Ils servent de garde-manger (vins, viandes, céréales…).
- Ils sont fournisseurs de matériaux et de nouvelles molécules.
- Ils ont un rôle de purificateur d’eau.
- Ils sont un allié contre le changement climatique.
Il y a environ 10 milliards de micro-organismes par gramme de sol.
Il y a 2 à 3 fois plus de carbone stocké dans le sol que dans l’atmosphère.
Nos activités les impactent durablement.
Les 4 principales menaces :
- La surexploitation par le tassement, l’excavation…
- L’imperméabilisation par les routes, les parkings, les constructions…
- La pollution par les pesticides, les produits chimiques, les plastiques…
- L’érosion liée à la déforestation, aux surfaces nues…
Plus de 7 080 sites sont pollués en France.
11 hectares par heure disparaissent en Europe à cause de l’expansion urbaine, la France en tête.
Les conséquences :
- Inondations, glissements de terrain,
- Perte de biodiversité et impacts sur la chaîne alimentaire,
- Eaux polluées,
- Sols moins fertiles.
Comment les préserver ?
- Composter, pailler et bannir les engrais chimiques et les pesticides dans son jardin.
- Privilégier les techniques agricoles et sylvicoles qui apportent de la matière organique dans le sol et favorisent la biodiversité.
- Désimperméabiliser les sols et végétaliser la ville pour limiter les risques d’inondation et rendre la vie plus agréable aux habitants.
- Préserver les espaces naturels et agricoles dans l’aménagement du territoire.
Pour aller plus loin :
- Consultez l’article de l’ADEME « Les sols, un trésor à protéger »
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Infographie réalisée en février 2022 par l’agence Giboulées. Collection ADEME : Clés pour agir (010950).
Cette infographie fait le point sur la place de la méthanisation dans le bouquet énergétique français et les services qu'elle rend aux territoires. La méthanisation contribue à réduire la dépendance énergétique de la France en produisant localement du biogaz issu de la fermentation des biodéchets, des effluents d'élevages, des résidus de cultures... C'est aussi une opportunité pour les collectivités et les agriculteurs qui bénéficient de retombées à l'échelle locale.
Premiers résultats du tri à la source des biodéchets
La loi du 10 février 2020, relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, a instauré l’obligation du tri à la source des biodéchets à partir du 31 décembre 2023. Toutefois, au 1er janvier 2024, seul un tiers de la population française avait accès à une solution mise en place par sa collectivité et risque ainsi de continuer à utiliser une poubelle traditionnelle. La gestion de proximité est pratiquée par plus de 13 millions de français, et 7 millions sont desservis par une collecte séparée.
Cette étude propose un état des lieux du tri à la source des biodéchets des ménages en France. L'état des lieux montre que ce tri à la source est encore loin de l'objectif de généralisation fixé pour fin 2023. Des recommandations sont formulées afin d'améliorer l'efficacité des opérations de tri à la source et pour tendre vers la généralisation pour toutes les collectivités en France.
Dans le cadre des travaux du Comité stratégique de filière transformation et valorisation des déchets (TVD), la Confédération des métiers de l’environnement (CME) a identifié les freins et leviers de développement de la collecte séparée des biodéchets afin de permettre l’émergence de nouveaux projets sur les territoires.
Ressources recommandées pour mettre en place le tri à la source des biodéchets
Les ressources présentées ci-dessous visent à aider et à accompagner les collectivités à agir en faveur du tri à la source et de la valorisation des biodéchets. Les synthèses thématiques, études, outils et guides en lien avec les biodéchets apportent des compléments sur leur gestion au sein du service public de gestion des déchets (SPGD).
Cette synthèse, à destination des élus et des équipes techniques, permet de comprendre les enjeux du tri à la source des biodéchets, d'en découvrir la dynamique réglementaire, de donner des clés pour se lancer dans la démarche, de découvrir les modes d'actions et des exemples de réalisations sur des territoires.
Mettre en place une concertation territoriale autour de la matière organique
Le territoire est l’échelle la mieux adaptée pour mobiliser dans une démarche d’économie circulaire les nombreux acteurs produisant des biodéchets. Les collectivités doivent étudier et déterminer les gisements, les regroupements pertinents, les destinations et les types de valorisation possibles en circuit court.
Démarche ConcerTO
Plusieurs territoires ont mis en place une concertation territoriale avec les parties prenantes, en appliquant la démarche ConcerTO pour construire des filières pérennes de valorisation des biodéchets.
Les outils d’aide au changement de comportements
Pour atteindre la généralisation du tri à la source et de la valorisation des biodéchets, l’ensemble des citoyens doit s’approprier ce nouveau geste de tri. Les collectivités mettent alors en place des actions et outils d’accompagnement au changement de comportements.
Cette note présente les outils d'aide à la décision pour guider les collectivités et autres acteurs publics dans le choix, la mise en œuvre et l'évaluation d'actions d'accompagnement aux changements de comportements du grand public.
Gestion des biodéchets en milieu urbain
- Plaquette Réussir votre projet de gestion des biodéchets en milieu urbain (ADEME, 2022 – PDF 976 Kb)
Cette plaquette résume les enjeux et les bonnes pratiques à mettre en œuvre afin de proposer à tous les habitants d’un territoire une solution de tri à la source des biodéchets (gestion de proximité et/ou collecte séparée) adaptée. Elle comprend des retours d'expériences et un rappel des publications existantes sur le sujet (études, guides méthodologiques...).
S’appuyer sur des réseaux dédiés aux biodéchets
Ce réseau compte plus de 800 adhérents sur le territoire. Compost citoyen représente les parties prenantes du compostage citoyen (particuliers, professionnels, collectivités) à l'échelle nationale, coordonne le dispositif de formation P-Gprox, en partenariat avec l’ADEME, et aide à la structuration des réseaux régionaux.
Ce réseau national d’échanges comprend plus de 60 collectivités membres. Il rassemble élus et techniciens de collectivités, engagées dans le tri à la source et la collecte séparée des biodéchets.
Guides pour la rédaction des cahiers des charges des études préalables
Pour aider les collectivités dans la rédaction d’un cahier des charges en vue d’une étude préalable à l’instauration d’un dispositif de tri à la source des biodéchets, l’ADEME a rédigé différents guides. Les deux premiers guides abordent spécifiquement la gestion de proximité et la collecte séparée.
- Guide à la rédaction d'un cahier des charges Étude préalable à l'instauration d'un dispositif de tri à la source des biodéchets incluant une collecte séparée (ADEME, 2018 – PDF 572 kB)
- Guide à la rédaction d'un cahier des charges Étude préalable à l'instauration d'un dispositif de gestion de proximité des biodéchets (ADEME, 2019 – PDF 585 kB)
- Guide à la rédaction d'un cahier des charges Étude préalable à l'instauration d'une tarification incitative et du tri à la source des biodéchets (ADEME, 2021 – PDF 583 kB)
Ressources recommandées par l’ADEME pour lutter contre le brûlage des déchets végétaux
Ce document donne des éléments sociologiques et technico-économiques de compréhension de la problématique, mais aussi des outils pour la mise en place de solutions alternatives adaptées à chaque territoire. Il est complété de vingt-deux retours d’expérience.
Les déchets végétaux représentent 12 % des déchets ménagers assimilés et sont eux aussi soumis à l’obligation de tri à la source. Malgré l’interdiction réglementaire du brûlage à l’air libre des végétaux, 15 % des personnes ayant un espace vert privatif déclarent avoir recours à cette pratique, source d’émissions de polluants atmosphériques néfastes pour la santé et l’environnement. Pour lutter contre le brûlage, il revient à chaque collectivité de proposer des solutions alternatives (collecte dédiée et/ou solutions de gestion de proximité in situ) adaptées à son territoire.
Questions et réponses
L’origine et la nature des déchets alimentaires interdisent leur valorisation en alimentation animale. Pour les biodéchets des ménages, les pratiques individuelles au sein même d’un foyer ne sont pas concernées par cette réglementation. Mais, dès lors que les déchets alimentaires sont produits par plusieurs foyers et regroupés, la réglementation s’applique et il est interdit de les donner aux animaux.
Oui, tous les déchets alimentaires se compostent. Toutefois, cette typologie de biodéchets doit être apportée en petites quantités et nécessite de suivre scrupuleusement les bonnes pratiques de compostage pour que les matières se dégradent sans nuisances (odeurs, moucherons, etc.). C’est pourquoi, certains acteurs refusent les restes carnés dans les composteurs partagés qui sont dépendant du respect des consignes de plusieurs foyers.